L'interconnaissance

Chaque histoire intercommunale est riche d’anecdotes sur la prouesse qu’aura constitué la mise en œuvre d’une action commune, alors qu’au départ les protagonistes se regardaient en chiens de faïence. Souvent, on observe que les plus réticents à envisager une coopération intercommunale se transforment, l’épreuve du changement d’échelle passée, en leurs plus fervents soutiens. Une coopération intercommunale, quel que soit son degré de formalisation, doit toujours affronter la diversité des visions des acteurs.

Alors qu’on a l’impression de partager le même domaine, on réalise qu’on n’y met ni les mêmes instruments ni les mêmes valeurs ou objectifs. Prenons l’exemple de l’enseignement musical. À première vue, on ne peut qu’être favorable à une démarche intercommunale : par les moyens qu’elle met en place, elle permet de consolider des emplois, d’améliorer l’offre instrumentale, d’aménager le territoire culturel, etc. Très vite cependant, lorsque le leadership sur le réseau d’écoles se profile, la question de la vocation de cet enseignement se pose.

À la finalité de développement social des pratiques, portée par le ou la responsable d’une école, peut s’opposer la dimension d’excellence professionnelle de la direction du conservatoire central. Il y a là deux philosophies, ou deux lectures des finalités de la coopération. La grande affaire d’un projet culturel intercommunal, c’est donc de mettre en évidence ces dissonances pour en faire le terreau d’une action commune, et transformer des contradictions en complémentarités. La valeur ajoutée communautaire est à ce prix.

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