Le parc de projecteurs

Définir les besoins

L’instruction du choix du matériel doit systématiquement se faire en fonction des objectifs, des contraintes, et des enjeux esthétiques qui peuvent être propres à chacun. Cela n’est pas spécifique à la LED et s’applique à tout type de choix de matériel. Il faut chercher à identifier l’essentiel, l’incompressible, le fondamental et s’orienter vers la solution permettant de s’en rapprocher au mieux.

Il est bien sûr essentiel de tenir compte des dimensions et des contraintes « naturelles » du lieu. Les dimensions vont définir le nombre d’appareils nécessaires. En raison de la polyvalence et des caractéristiques de certains projecteurs LED (sources multicolores, asservis, …), le nombre d’appareils peut être réduit en comparaison du nombre de projecteurs halogènes nécessaires dans le même espace. Les contraintes « naturelles » vont définir les caractéristiques des appareils. Par exemple, dans une zone où il est très difficile d’accéder aux projecteurs pour les régler (bord de scène, porteuse au-dessus du public, …) il pourrait être préférable d’installer des projecteurs asservis dans le cadre d’une installation fixe.

Questionner la nature et la fréquence de l’activité peut aider à orienter les choix. L’activité porte-t-elle sur la diffusion ou sur la conception et la tournée de spectacles ? Est-elle liée à une discipline artistique spécifique ou au contraire est-elle pluridisciplinaire ? Les différents spectacles proposés au cours de la saison s’enchaînent-ils rapidement ou non ? Sont-ils présentés en alternance ? etc.

Les besoins doivent aussi être définis en fonction des moyens et des ressources disponibles et plus particulièrement du budget d’investissement. Pour convenir à un budget d’investissement modeste, il peut par exemple être intéressant de faire évoluer son parc de matériel bien entretenu avec une solution « retrofit », qui consiste en un remplacement du « bloc lumière », moins onéreux que le remplacement complet du projecteur.

Mais la question fondamentale est celle qui porte sur les choix esthétiques liés aux performances chromatiques, à la qualité de la lumière « blanche », à la richesse de la plage de couleurs disponibles et à la qualité de la gradation. Il est impératif de pouvoir déterminer des critères d’exigence sur ces points pour pouvoir orienter son choix avec justesse vers le matériel adapté.

Répondre aux besoins

Le choix du matériel et du fabricant peut apparaître comme une difficulté. Le panorama de l’éclairage de scène a été modifié, l’offre s’est diversifiée, s’est élargie, et les fabricants qui proposent les produits les plus pertinents ne sont pas obligatoirement ceux avec lesquels on avait l’habitude de travailler. Certains fabricants ont investi rapidement et massivement dans la R&D de la technologie LED tandis que d’autres se sont lancés plus tard, sans toujours avoir les moyens de R&D suffisants, en donnant parfois l’impression d’y aller par obligation, sans trop y croire. Durant cette période de transition de nouvelles marques sont apparues (Ayrton, Prolights, …), d’autres se sont rapidement emparés de la LED (JB Lighting, ETC, Chauvet, …) et il n’est pas impossible que certaines marques s’éteignent comme c’est déjà arrivé par le passé (Socem, Cremer, Scénilux, …). Pour le moment, il faut faire face à la perte de repères et à l’absence de recul et d’expérience vis-à-vis de nouveaux produits établis sur une nouvelle technologie. Par ailleurs, alors que depuis de nombreuses années l’halogène institue le « blanc » standard de référence et que l’on doit obligatoirement avoir recours aux filtres soustractifs si l’on veut modifier sa composition chromatique, il faut aujourd’hui parvenir à se détacher de cette référence et apprendre à composer avec les quatre modèles types de lumière « blanche » proposées par la LED.

Lorsque l’on est parvenu à sélectionner un type de lumière « blanche » correspondant à ses besoins, il reste encore à identifier le produit qui correspond le mieux à ce que l’on en attend. En effet, il était relativement simple de choisir une Découpe halogène parmi les différentes propositions : elles étaient équipées de la même lampe et fonctionnaient sur le même gradateur, deux éléments qui n’entraient pas dans les critères de sélection puisque externes ; le choix portait uniquement sur les performances optiques, la qualité de conception, et l’attachement pour la marque. Aujourd’hui, pour choisir une Découpe LED parmi les différentes propositions, le choix doit aussi porter sur la qualité des LED et sur la qualité de leur gradation puisque ces deux éléments sont internes. Il est donc impératif de pouvoir convenablement comparer les projecteurs avant d’arrêter ses choix ; d’abord en se procurant toutes les données photométriques (Voir aussi : La photométrie) et colorimétriques (Voir aussi : La colorimétrie) disponibles auprès des fabricants (fichiers IES, TM30, etc), puis en demandant à les tester sur site en condition scénique.

Quel que soit l’objet sur lequel porte le choix final, il faut veiller à constituer un parc de projecteurs cohérent et homogène et éviter une trop grande disparité entre les différents fabricants ou les différents modèles de projecteurs. Il faut éviter l’éparpillement et une complexification inutile de la gestion de l’éclairage.

Choisir entre le blanc et la couleur

Le choix entre les projecteurs LED à sources « blanches » et ceux à sources « multicolores » constitue l’une des principales préoccupations. Cette question est d’autant plus épineuse que la lumière « blanche » est un assemblage de rayonnements colorées et que les sources « multicolores » sont aptes à fournir une lumière « blanche » par principe additif.

Lorsqu’un même projecteur existe en plusieurs déclinaisons, la version « blanc froid » offre plus de flux lumineux que la version « blanc chaud ». Ces deux versions offrent chacune plus de flux lumineux que la version « multicolore » (même si la différence de flux entre le « blanc chaud » et le « blanc additif » des sources multicolores n’est pas toujours très importante). Ce rapport vaut uniquement lorsque l’on compare les lumières « blanches » de ces trois déclinaisons d’un même projecteur. Dès que l’on compare des lumières « colorées » (ce qui nécessite d’avoir recours à des filtres sur les sources « blanc froid » et « blanc chaud »), ce rapport s’inverse au bénéfice du projecteur à source multicolore.

Prenons un exemple en comparant des lumières semblablement « colorées » dont chacune serait produite par l’une des trois déclinaisons d’un même projecteur (« blanc froid », « blanc chaud » et « multicolore »). En premier lieu, lorsque l’on place un filtre identique devant chacun des projecteurs à sources « blanc froid » et « blanc chaud », il apparait de façon évidente que la teinte de lumière obtenue n’est pas identique sur les deux projecteurs. Cela s’explique par la différence de composition spectrale de leurs deux sources. Ces deux projecteurs ne pourront jamais produire une lumière de teinte identique, qu’ils soient utilisés avec ou sans filtre. À l’inverse, le projecteur « multicolore » est capable de produire des teintes semblables à celles obtenues avec les projecteurs à sources « blanc froid » et « blanc chaud » équipés d’un filtre. De plus, lorsque l’on compare des lumières « colorées », le flux lumineux du projecteur « multicolore » est généralement plus important que celui d’un projecteur à source « blanc froid » ou « blanc chaud » équipé d’un filtre qui agit par principe soustractif. (Voir aussi : L’addition ; La soustraction) Plus le taux de transmission du filtre est faible, plus le flux lumineux des projecteurs à sources « multicolores » est supérieur à celui de ceux à sources « blanches ». En raison du taux de transmission très faible que peuvent présenter certains filtres soustractifs, cette différence de flux lumineux peut être réellement considérable (notamment dans les teintes bleues, violettes et magenta).

Les projecteurs LED à sources « blanches » sont intéressants lorsqu’il s’agit de les utiliser pour les propriétés de leur lumière « blanche ». Certains projecteurs LED à sources « blanc froid » de fort flux lumineux (série Charles ou Zep2 de Robert Juliat, par exemple) sont très appropriées pour remplacer les Découpes ou les Fresnels HMI qui sont généralement utilisés ponctuellement pour les spécificités de leur lumière « blanche ». D’une manière générale, les projecteurs LED à sources « blanches » sont intéressant pour toutes les réalisations qui ne nécessitent pas de recourir à de la lumière « colorée ». Ils sont intéressants lorsqu’ils sont utilisés sans filtre, pour les spécificités de leur composition spectrale et de leur flux lumineux. Les LED « blanches » sont notamment adaptées pour l’éclairage de la salle réservée au public et pour l’éclairage des parties communes ; elles le sont tout particulièrement pour l’éclairage des expositions et l’utilisation en muséographie, et plus largement dans les domaines de l’urbanisme et de l’éclairage domestique.

Avec les projecteurs LED à sources « blanches » il n’est pas possible de reproduire de façon précise une teinte obtenue par l’ajout d’un filtre sur un projecteur halogène (le résultat sera toutefois plus proche de l’original avec un projecteur « blanc chaud » qu’avec un projecteur « blanc froid »). Pour cette raison, les projecteurs LED à sources « blanches » sont à l’origine de difficultés lorsqu’il est nécessaire de reproduire les teintes d’un éclairage initialement réalisé avec des projecteurs halogènes. Ils manquent de souplesse dans leur approche de la lumière « colorée » comparativement aux projecteurs à sources « multicolores » qui sont beaucoup plus agiles et polyvalents, et totalement aptes à reproduire les teintes d’un éclairage initialement réalisé avec des projecteurs halogènes.

Les éclairages des productions théâtrales sont principalement composés de lumière colorées, même s’il s’agit principalement de teintes pastelles. Par conséquent, dès lors que le recours à la lumière « colorée » (même dans les teintes les plus pastelles) est une nécessité, les projecteurs à sources « multicolores » capables de produire une large gamme de lumières « blanches » et de lumières « colorées » de toutes saturations, semblent offrir le meilleur compromis en tirant tous les avantages de la LED.

Comparaison d’un même filtre bleu sur trois sources "blanches" différentes

© Agence culturelle - Nicolas FandardLe résultat obtenu est différent selon la nature spectrale de la source sur laquelle le filtre est utilisé.

© Agence culturelle - Nicolas Fandard

Le résultat obtenu est différent selon la nature spectrale de la source sur laquelle le filtre est utilisé.

Comparaison d’un même filtre bleu sur trois sources "blanches" différentes + une source LED "multicolore"

© Agence culturelle - Nicolas FandardUn projecteur LED multicolore de qualité permettra généralement de se rapprocher le plus précisément possible de la couleur que l'on cherche à reproduire.

© Agence culturelle - Nicolas Fandard

Un projecteur LED multicolore de qualité permettra généralement de se rapprocher le plus précisément possible de la couleur que l'on cherche à reproduire.

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