physique et technique
La colorimétrie
La colorimétrie est une discipline qui se donne pour objectif de mesurer la couleur. Elle cherche à déterminer les relations quantitatives qui existent entre les mesures physiques effectuées sur la lumière et la perception qu’on en a.
La température de couleur
Dès le XIXe siècle, des scientifiques travaillent sur le lien pouvant exister entre la couleur d’un rayonnement lumineux et sa nature thermique. Les sources d’éclairage à incandescence («
La dominante chromatique peut donc être évaluée selon la température ; cette valeur se nomme la
Les illuminants
Devant la grande diversité des sources d’éclairages et de leurs compositions chromatiques respectives, la CIE propose dès 1931 d’établir des modèles spectraux qui tiendraient lieu de référence pour chacune d’entre-elles et faciliteraient le travail des fabricants. Ces sources virtuelles sont appelées des
Rayonnements émis par le corps noir selon sa température
Illuminant A
Illuminant D65
L'indice de rendu des couleurs (IRC)
Cette méthode a été initiée en 1937 par la société Philips. Dès 1948 elle fût utilisée par la CIE qui finit par l’accepter officiellement en 1965. La mesure de l’
Cette méthode permet d’attribuer une note Ra (sur une échelle de 0 à 100) relative à la capacité des sources de lumière à restituer correctement les couleurs de la palette TSS par rapport à leur
L’IRC est insatisfaisant sur plusieurs points. La valeur de l’IRC est seulement l’expression d’une évaluation quantitative (rayonnement énergétique), elle n’est pas l’expression d’une évaluation qualitative qui dépend de critères subjectifs esthétiques et culturels propre à l’observateur. En outre, il est généralement admis qu’une différence de 5 points sur l’échelle de l’IRC n’est pas significative pour l’œil et qu’une valeur au-dessus de 80 est bonne. L’IRC présente donc des faiblesses : d’une part, deux sources en ayant une même valeur peuvent restituer certaines couleurs de manière différente, et d’autre part, l’œil n’est pas suffisamment performant pour faire la différence entre des valeurs d’IRC de 80 et de 85.
À la suite du développement et de l’apparition des LEDs sur le marché de l’éclairage, l’IRC est de plus en plus contesté et critiqué, y compris au sein de la CIE, pour ses insuffisances et incapacités à établir correctement leurs performances colorimétriques et à tenir compte de certaines préférences esthétiques.
Palette des couleurs de calcul de l'IRC (IRC-15)
L'espace de chromaticité
Dès le début des années 1930, la CIE s’attèle à développer un « espace de chromaticité ». À la suite des travaux menés par John Guild et Wiliam D. Wright, la CIE établit une triple fonction colorimétrique pour les primaires
Observateur CIE (fonctions colorimétriques)
Le modèle RGB
En 1931 ces travaux aboutissent à la construction d’un diagramme de chromaticité appelé «
Espace de chromaticité CIE 1931 RGB
Le modèle XYZ
La même année Dean Brewster Judd y apporte des améliorations en proposant le diagramme «
Les trois composantes (X, Y et Z) de cet espace tridimensionnel, représentent respectivement la
Espace de chromaticité CIE 1931 XYZ & XY
Grace à ce nouveau diagramme, il est désormais possible de situer les sources lumineuses selon leurs coordonnées chromatiques x et y. Pour accompagner ce diagramme, la CIE a déterminé une courbe qui définit le comportement chromatique du « corps noir » selon l’élévation de sa température. Cette courbe s’appelle la
Courbe de Planck
La courbe de Planck permet de déterminer la température de couleur de n’importe quelle lumière blanche non thermique, ce qui est très appréciable aujourd’hui avec la LED. Cette courbe s’accompagne d’une série de lignes qui lui sont perpendiculaires : elles servent à localiser les rayonnements chromatiques de TCC identique mais de teinte différente. Cette différence est nommée
Sur la base du diagramme xy, la CIE propose en 1960 un nouveau diagramme : « CIE 1960 UVW ». C’est le modèle de référence pour les calculs de température de couleur et d’IRC. Il est remplacé en 1976 par le toujours actuel diagramme « CIE U’V’W’ ».
L'addition
Les caractéristiques chromatiques d’un rayonnement lumineux peuvent être modifiées par principe additif. Lorsqu’on éclaire une même surface avec plusieurs projecteurs ayant des distributions spectrales différentes, cette surface prend une teinte dominante qui est la résultante de l’addition des différents spectres : un nouveau spectre ayant ses propres caractéristiques s’en trouve alors créé. Ainsi, lorsqu’on éclaire une même surface avec trois projecteurs dont l’un émet des rayonnements Rouges, l’autre des rayonnements Verts et le dernier des rayonnements Bleus, la surface nous apparaît comme étant éclairée par une lumière blanche, résultante de l’addition des trois rayonnements Rouges, Verts et Bleus.
Principe additif
Lors d’une addition entre deux spectres lumineux, deux configurations peuvent se produire : les deux spectres peuvent avoir certaines longueurs d’ondes en commun ou au contraire ils peuvent n’en avoir aucune. Dans le premier cas, les énergies respectives des longueurs d’ondes communes se cumulent et modifient ainsi la teinte dominante perçu par notre système visuel. Dans le deuxième cas, ce qui se produit est moins intuitif : notre système visuel perçoit une nouvelle teinte dominante sans que les longueurs d’ondes lui correspondant ne soient émises ni par l’un ni par l’autre des deux spectres. Notre système de perception visuelle synthétise une image mentale dont la teinte est intermédiaire à celles des deux spectres additionnés ; il est capable de nous faire percevoir la teinte correspondant à une longueur d’onde qui n’est pas émise. Par exemple, si l’on additionne théoriquement les rayonnements d’une source émettant des rayonnements de l’ordre de 500 nm, avec ceux d’une source émettant des rayonnements de l’ordre de 600 nm, l’œil aura l’impression d’une seule source émettant des rayonnements de l’ordre de 550 nm. L’exemple le plus convainquant est certainement celui de la gamme des couleurs à dominante Magenta (« les pourpres »). Aucune longueur d’onde spécifique ne correspond à ces couleurs pourpres ; elles ne peuvent être obtenues qu’à partir du mélange de Bleu et de Rouge et donc de deux longueurs d’ondes appartenant chacune à l’une des extrémités du spectre.
Addition de deux spectres
Toutefois, au-delà des avantages apparents, le principe additif trichrome peut présenter certains inconvénients : la trichromie ne permet pas d’obtenir toutes les couleurs perceptibles par l’œil, ni d’obtenir certaines couleurs saturées, ni d’obtenir une lumière blanche suffisamment riche pour permettre une bonne perception visuelle de toutes les couleurs. Par ailleurs, le mélange de plusieurs rayonnements primaires produisant un rayonnement perçu comme blanc (donc désaturé), le mélange d’au moins deux rayonnements primaires de teintes différentes induit une désaturation des teintes obtenues. Le niveau de désaturation peut être faible lorsqu’il s’agit du mélange de deux teintes assez proches, mais il devient important dès lors qu’elles sont distantes d’environ 100 nm ou qu’une troisième teinte est introduite. Par exemple, lorsqu’il s’agit de mélanger du Rouge et du Vert, la teinte secondaire obtenue (Orange/Jaune) n’est pas complètement saturée. Il en est de même pour les teintes secondaires Cyan et Magenta.
La soustraction
Comme son nom l’indique, le principe soustractif se définit par opposition au principe additif. Il s’agit donc d’extraire certaines longueurs d’ondes sélectionnées pour n’en garder que certaines autres. Ce principe est très largement utilisé en éclairage de scène depuis au moins le XIXe siècle où sont apparus les premiers filtres colorés fabriqués en matière gélatineuse d’origine animale (d’où leur nom de gélatine). Selon ce principe, l’ajout d’un filtre Rouge devant une source de lumière ne laisse passer que les rayonnements rouges (de 600 à 750 nm environ) tandis qu’il absorbe les autres ; les rayonnements absorbés sont réémis sous forme de rayonnements infrarouges, donc de chaleur. Chaque filtre possède un coefficient d’absorption et de transmission qui renseignent sur sa capacité à transmettre et à absorber la quantité de lumière émise en amont. Ainsi par exemple, le filtre bleu L713 (J. Winter Blue) de Lee Filters possède un facteur de transmission Y de 0,5% (sur une source halogène) ; c’est-à-dire que 99,5% de la quantité de lumière initiale est perdue en chaleur ! Au total, la perte d’énergie est encore plus conséquente si l’on considère que ce filtre est utilisé sur une source halogène qui elle-même ne restitue sous forme de lumière que 5% de l’énergie consommée : la part d’énergie consommée pour obtenir cette lumière bleue ne représente que 0,025% du total de l’énergie consommée, c’est-à-dire que 99,975 % de l’énergie consommée par le projecteur est perdue ! Il est à noter que les filtres dichroïques, présents dans beaucoup de projecteurs asservis, présentent un meilleur facteur de transmission que les filtres classiques (polyester ou polycarbonate) et offrent donc un meilleur rendement énergétique.
La trichromie, lorsqu’elle est utilisée à l’intérieur d’un projecteur asservi (et donc d’un appareil unique équipé d’une seule source lumineuse blanche) agit par principe soustractif : trois filtres colorés (Cyan, Magenta, Jaune) de