L'adaptation du processus de travail

Préparer le montage

Avec les projecteurs traditionnels, il est possible de débuter un montage sans avoir effectué d’autres opérations préparatoires que la vérification de la quantité et de la disponibilité des projecteurs et des gradateurs demandés. Le schéma de câblage s’improvise alors pendant le montage et à la fin de celui-ci, le Patch de la console est réalisé suivant l’identification de tous les gradateurs utilisés. Peu importe l’ordre dans lequel les projecteurs sont raccordés aux gradateurs, puisque chaque gradateur est « patché » dans la console avec le numéro d’identifiant (généralement appelé : Channel) correspondant à celui du projecteur auquel il est raccordé. Enfin, les gradateurs étant généralement tous pilotés sur le même Univers DMX, il n’y a aucun risque d’interversion ou de confusion entre différents Univers.

Lorsque l’on travaille avec des projecteurs LED qui nécessitent d’utiliser plusieurs Univers DMX, un minimum de travail préalable est nécessaire avant de commencer un montage. Avant d’entreprendre le câblage DMX, il faut auparavant avoir choisi le mode dans lequel vont fonctionner les projecteurs pour pouvoir déterminer le nombre de canaux DMX nécessaires, leur distribution et répartition sur les différents Univers, ainsi que les adresses DMX à affecter aux projecteurs. La méthode qui doit alors s’appliquer est l’inverse de la méthode traditionnelle : les différents projecteurs doivent d’abord être « patchés » dans la console afin d’obtenir les différentes adresses DMX et de définir la répartition des Univers, selon le nombre total de canaux DMX nécessaires. Cette opération peut aussi s’effectuer au bureau au moyen d’un ordinateur et du logiciel « OnPC » ou « Offline » de la console, ou à l’aide d’un logiciel de CAO dédié aux techniques de la scène par conception (Wysiwyg, VectorWorks Spotlight, …).

Ce logiciel de CAO doit servir à éditer des documents clairs et précis où apparaissent les différentes informations nécessaires à effectuer le montage sans erreur (adresses DMX, adresses IP, attribution des Univers, sens de câblage, etc) qui doivent être remis à l’équipe qui se charge de la mise en œuvre du matériel lumière. Il est préférable d’établir des documents standards qui reprennent systématiquement les mêmes symboles et les mêmes codes couleurs afin de familiariser l’équipe et de lui faire gagner ainsi en efficacité. L’objectif de ces documents est de rendre opérationnel le plan fourni avec la fiche technique du spectacle, en évitant d’y apporter des ratures et des annotations qui le rendraient difficilement compréhensible, ralentiraient la mise en œuvre, et favoriseraient les erreurs. Cette opération est d’autant plus justifiée lorsque le plan fourni est conforme aux projecteurs halogènes, et qu’il doit être adapté pour des projecteurs LEDs. Il est bien sûr conseillé de faire valider ce document par le responsable de l’éclairage du spectacle, avant de débuter le montage.

Ce type de document doit être réalisé pour tout type d’événement, y compris ceux pour lesquels il n’aurait été formulé aucune requête spécifique relative à l’éclairage (concert, gala, conférence, convention, …). D’un point de vue professionnel, et par respect pour l’équipe de techniciens en charge de la mise en œuvre, il est difficilement concevable d’effectuer un montage sans un document graphique clair et précis. La réalisation de ce type de document peut s’avérer relativement simple et rapide lorsqu’elle s’effectue à partir d’un modèle présentant toutes les caractéristiques techniques de la salle (système d’accroche et de levage, cadre, velours, librairies de projecteurs, code couleur, …) qui doit être conçu au préalable.

Choisir un régisseur-lumière ou un pupitreur ?

Après avoir effectué le travail préparatoire en amont du montage, le régisseur-lumière encadre l’équipe qui se charge de la mise en œuvre des projecteurs. La coordination et la cohésion du travail de l’équipe est indispensable. Les tâches à réaliser sont plus variées (configurations des projecteurs, câblage DMX) que lors d’un montage traditionnel et il faut être vigilant à ce qu’elles soient toutes correctement accomplies. L’équipe s’organise autour de processus identifiés et reproduisibles, où des tâches distinctes peuvent être attribuées à ses différents membres.

Le régisseur-lumière favorise l’autonomie de son équipe en y maintenant un bon niveau de compétence et de motivation, ce qui lui permet de pouvoir s’absenter de la scène pour effectuer d’autres tâches comme :

  • La gestion du routage et du brassage des signaux de transmission d’informations (DMX, Ethernet), afin que ceux-ci aboutissent à l’endroit où ils sont attendus par l’équipe de techniciens.
  • La gestion de la console, où certaines tâches peuvent être à effectuer sur cette phase des opérations. Il est possible de piloter la console depuis la scène à l’aide d’un smartphone ou d’une tablette, mais cette solution n’offre pas une très grande ergonomie. Elle doit être réservé à des opérations assez basiques et ponctuelles. Cette solution est très appréciable pendant la phase de réglage, pour piloter l’allumage et l’extinction des projecteurs, ou encore pour orienter et ajuster le faisceau d’un projecteur asservi en tenant soi-même le rôle de « doublure lumière ». Fatalement, plus le régisseur-lumière est assidu de sa console, plus il a des chances de devenir performant.

Le régisseur-lumière doit être vigilant à ce que tout le matériel (projecteurs, consoles, nodes, splitters, …) soit maintenu à jour. Il doit donc assurer une veille technologique et se tenir informé des évolutions des différents firmwares et softwares, puis les installer le cas échéant après avoir pris connaissance des nouvelles fonctionnalités. Sur sa console, il doit élaborer un fichier « modèle » (« template ») qui contient les librairies des projecteurs de la salle, les Presets, les Effets, les Macros, les éléments de personnalisation, etc, qui sert de base pour chaque nouveau spectacle.

Selon différents éléments contextuels, tels que l’envergure du lieu, la charge de travail liée à la densité de la programmation artistique, les compétences disponibles, … il peut être envisageable que le régisseur-lumière et le pupitreur soit la même personne ou au contraire, il peut être préférable d’avoir recours à deux personnes distinctes. Lorsque la programmation artistique est dense, il arrive très fréquemment qu’au moins deux régisseurs lumières se succèdent sur un même spectacle. Il est donc tout à fait envisageable qu’il y ait une répartition des tâches et que l’un d’eux tienne plutôt le rôle de pupitreur tandis que l’autre tient un rôle plus classique. Dans tous les cas, cette répartition des tâches doit s’effectuer en concertation avec les intéressés et il est préférable qu’elle prenne en considération les appétences et les compétences de chacun.

Ce régisseur-lumière « 2.0 » devrait aussi savoir adopter le point de vue de l’éclairagiste. Lorsqu’il est question de faire une adaptation, il faut avoir en tête les enjeux de la conception d’un éclairage, et veiller à respecter les exigences et les intentions artistiques qui ont animé la conception du spectacle.

Faciliter le travail des techniciens

Excepté les nouvelles tâches de paramétrage et de câblage DMX des projecteurs, les principes fondamentaux sur lesquels repose le travail des techniciens en charge de la mise en œuvre du matériel, restent les mêmes. Ils bénéficient toutefois de quelques avantages appréciables d’un point de vue ergonomique, permis par la technologie LED.

Les pesants et encombrants câbles multipaires, distribués sur les porteuses pour répondre aux besoins de l’éclairage halogène, ne sont plus nécessaires. Ils sont aujourd’hui remplacés par une moindre quantité de simples prolongateurs, beaucoup moins lourds et facilement manipulables. Les liaisons entre les projecteurs s’effectuent avec des câbles PowerLink, généralement courts (de 1 à 3m) et donc légers. Pour améliorer encore l’aisance du travail des techniciens, il est possible de remplacer les câbles PowerLink et DMX par des câbles hybrides (ou câbles combinés) qui regroupent les deux sous la forme d’un seul câble.

La spécificité du câblage « Daisy Chain » des projecteurs, permet de pouvoir très facilement et rapidement retourner un projecteur qui aurait été installé dans le mauvais sens, en lui faisant effectuer une rotation à 180° : il suffit de débrancher les connecteurs PowerCon et XLR à l’arrière du projecteur, sans intervenir sur le câblage fixé à la porteuse, puis de les rebrancher lorsque le demi-tour est réalisé. Pour parvenir à ce résultat avec un projecteur halogène, il faut d’abord débrancher l’extrémité de son câble, après être parvenu à le dégager parmi un paquet de câbles comprimés par des liens de fixation, puis procéder à l’opération inverse une fois la rotation terminée et le paquet de câbles correctement refixé sur la porteuse.

Lors de la phase de réglage des projecteurs, les techniciens apprécient généralement beaucoup le confort thermique relatif à la très faible émission de chaleur des LEDs, leur évitant par l’occasion de fortes transpirations et de potentielles brûlures des mains et des avant-bras. Cette composante thermique a aussi une incidence sur la maintenance, ou plutôt sur son absence. L’intérieur du projecteur étant maintenu à une température relativement faible, il n’est plus nécessaire de changer régulièrement des pièces qui souffraient de la chaleur émise par les lampes halogènes (douilles, presse-étoupes, condenseurs, couteaux…). Par ailleurs, les techniciens n’ayant plus de lampes à changer, ils ne sont plus confrontés au changement de lampe « à chaud » qui s’impose parfois avec l’halogène, et pour lequel il faut prendre beaucoup de précaution pour ne pas se brûler. Le risque qu’une lampe ou une lentille explose pendant la phase de réglage, se trouve lui aussi écarté.

L’usage des gélatines n’ayant plus cours avec l’utilisation des projecteurs à sources multicolores, les longues séances de découpages et la production de déchets qui l’accompagne s’en trouvent suspendues. Dans certains cas, un technicien pouvait être affecté plusieurs heures à cette tâche.

Étant composés d’électronique, les projecteurs LEDs sont par nature plus fragiles et plus sensibles aux chocs que leurs prédécesseurs halogènes, même lorsqu’ils sont robustes. Les techniciens doivent veiller à les manipuler avec précautions, sans les heurter violemment, ni les laisser basculer sur le sol. Lorsqu’ils doivent être déplacés d’un lieu à un autre, il faut éviter de les entasser les uns sur les autres à l’arrière d’un véhicule utilitaire, et privilégier le conditionnement en flight-cases. Ces précautions peuvent avoir une incidence sur la charge de maintenance, sur les éventuelles réparations, et sur la durée de vie. Lorsque les précautions sont prises, les techniciens n’ont que des tâches basiques à effectuer durant la période de maintenance annuelle (dépoussiérage, nettoyage des lentilles). Lorsqu’un appareil subi un choc ou une panne, les techniciens ne peuvent généralement pas faire grand-chose et il faut le confier au distributeur ou au fabricant.

{{ props.message }}